NEW YORK (ÉCOLE DE)

NEW YORK (ÉCOLE DE)
NEW YORK (ÉCOLE DE)

NEW YORK ÉCOLE DE

La Seconde Guerre mondiale, qui marque un temps d’arrêt dans la vie artistique européenne, voit apparaître aux États-Unis, particulièrement à New York, une génération de jeunes artistes avides d’engagement et d’action qui affirment pour la première fois leur originalité et apportent une contribution importante à l’évolution internationale de l’art moderne. Caractérisée d’un point de vue pictural par l’expressionnisme abstrait, et animée par des personnalités aussi différentes que Jackson Pollock, Arshile Gorky, Willem De Kooning, Adolph Gottlieb, Franz Kline, William Baziotes, Philip Guston, Robert Motherwell, Barnett Newman, Richard Pousette-Dart, Ad Reinhardt, Mark Rothko, Clyfford Still et Bradley Walker Tomlin, l’école de New York n’est jamais à proprement parler un mouvement constitué. Prenant simplement conscience de la nécessité absolue de dégager leur art du provincialisme dans lequel il se trouvait depuis des siècles, ces jeunes artistes tentent de créer à partir de la réalité et du tempérament propres à leur pays une tradition picturale entièrement nouvelle, et cela «à travers un ensemble de découvertes et d’innovations qui firent, écrit Barbara Rose, exploser la création artistique». Si le scandale de l’Armory Show en 1913, l’arrivée de Marcel Duchamp à New York, et l’activité d’Alfred Stieglitz sont des jalons importants de l’évolution de cette prise de conscience, il en est de plus immédiats. En particulier, l’enseignement du peintre allemand Hans Hofmann qui tend à dégager l’expressionnisme de toute réalité pour le réduire à un ensemble de tensions essentielles, immédiates, spontanées et irrationnelles. Éléments déterminants également: l’arrivée à New York, pendant la Seconde Guerre mondiale, des surréalistes groupés autour d’André Breton, ainsi que l’ouverture par Peggy Guggenheim d’une galerie, connue sous le nom d’Art of This Century, où elle exposera côte à côte, de 1942 à 1947, non seulement les grands noms de la peinture européenne — cubistes, futuristes, abstraits, constructivistes et surtout surréalistes —, mais aussi la jeune génération new-yorkaise: Pollock, Motherwell, Baziotes, Still, Rothko, entre autres.

Refusant le formalisme de l’abstraction géométrique et son fondement conceptuel, les artistes new-yorkais empruntent aux surréalistes l’automatisme psychique qui accorde une priorité absolue au mode de conception, libère l’inconscient et permet ainsi d’atteindre aux sources les plus profondes de l’émotion humaine. De nouveaux matériaux (la peinture industrielle utilisée par Pollock), de nouvelles techniques (celle du dripping qui permet à Pollock de répartir la couleur sur la toile posée à plat, à partir d’une boîte percée de trous), de nouveaux outils (Kline emploie des pinceaux de peintre en bâtiment, Noland se sert de rouleaux, Gottlieb utilise une éponge de cuisine pour poser ses taches de couleur) ouvrent des perspectives sans fin d’improvisation et d’expérimentation. Échappant à tout contrôle de la raison, de l’esthétique ou de la morale, le geste pictural devient l’expression de la révolte individuelle. Et l’automatisme, principe essentiel de la création formelle, s’étend en dehors de toutes contraintes et de toutes règles académiques à des peintures si grandes qu’elles occupent tout le champ de la vision (Rothko, Gottlieb, Kline, Pollock). À partir de 1950, l’expressionnisme abstrait des artistes new-yorkais évolue selon deux tendances: la première, qualifiée par le critique Harold Rosenberg d’action painting , conserve à l’automatisme gestuel son importance, avec Pollock, Kline, Guston, De Kooning; la seconde joue uniquement sur des contrastes de teintes dans un champ pictural divisé et non peuplé de formes, avec Newman, Rothko, Gottlieb et Ad Reinhardt.

En 1958, une grande exposition devait faire connaître à l’Europe les peintres de l’école de New York alors que certains de ses représentants les plus importants étaient déjà morts: Gorky s’est suicidé en 1948, Bradley Walker Tomlin est mort en 1953, Pollock s’est tué dans un accident de voiture en 1956. Paradoxalement, c’est au moment où Paris découvre l’expressionnisme abstrait qu’une nouvelle génération, réagissant violemment contre l’école new-yorkaise des années 1940, ouvre avec Rauschenberg et Jasper Johns la voie au pop art, tandis qu’évolue parallèlement un courant abstrait.

William Baziotes et Franz Kline sont morts en 1963, Ad Reinhardt en 1967, mais l’école de New York a survécu jusqu’en 1970, date de la mort de deux de ses représentants éminents, Barnett Newman et Mark Rothko: cette année-là, comme le note Irving Sandler, l’historien de cette période, l’art devient national, voire international, et l’école de New York cède la place à l’art conceptuel, au land art ou à l’art de la performance.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Поможем написать курсовую

Regardez d'autres dictionnaires:

  • New-York — Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New-York City — New York Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New-york — Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New York (New York) — New York Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New York City — New York Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New york — Pour les articles homonymes, voir New York (homonymie). Ville de New York …   Wikipédia en Français

  • New Rochelle (New York) — Nouvelle Rochelle Pour les articles homonymes, voir Rochelle (homonymie) …   Wikipédia en Français

  • École de New York — L École de New York fait référence à un groupe artistique informel de poètes, peintres, danseurs et musiciens, actifs à New York dans les années 1950 60, se réclamant de l inspiration du surréalisme et des mouvements d avant garde, en particulier …   Wikipédia en Français

  • Ecole Franco-Americaine de New York — École franco américaine de New York L École franco américaine de New York (en anglais French American School of New York), dite FASNY en abrégé, est une école bilingue (de la maternelle jusqu à la terminale) dans la banlieue new yorkaise de… …   Wikipédia en Français

  • École Franco-Américaine de New York — L École franco américaine de New York (en anglais French American School of New York), dite FASNY en abrégé, est une école bilingue (de la maternelle jusqu à la terminale) dans la banlieue new yorkaise de Larchmont, Scarsdale et Mamaroneck. Elle… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”